jeudi 29 octobre 2015

Zèbre cherche cadre désespérément...


Je reviens enfin avec quelques billets sur les zèbres. On commence par le cadre.

L'ennui avec le zèbre, c'est que le cadre et lui sont en contentieux permanent (souvent).  Ils en ont profondément besoin  et n'ont de cesse d'en sortir dès qu'ils le peuvent, de trouver la faille, toutes ces attitudes que nous avons quand nous ne sommes pas sûrs de nous à 100%. On rentre facilement dans la négociation et à ce petit jeu-là ils sont champions ! Un petit coup de chantage affectif en prime et ils nous ont jusqu'au trognon ! Parfois même on a l'impression d'avoir tout bien mis en place et de petit accroc en petit accroc on se réveille un matin et on se dit "houlà, je fais ça moi ? J'accepte ça ?" . J'appelle ça le "glissement lentement mais sûrement" et quand on se réveille, ça fait mal !
Tout cela devient vite épuisant pour tout le monde. Et on frôle le burn-out régulièrement.

Alors, on fait comment maintenant ?*




Pour cela, je crois avoir trouvé un outil qui fonctionne plutôt bien : la discipline positive.
Jane Nelsen, à travers les différents outils qu'elle propose, fourni ce cadre bienveillant et parfois un peu élastique dont nos zèbres raffolent tout en oubliant pas la fermeté dont ils ont aussi grandement besoin. Les bouquins de Faber et Mazlisch proposent une vision tout à fait complémentaire des choses pour mettre en place un cadre à la fois, ferme, bienveillant et rassurant. Les ouvrages d' Isabelle Filliozat fournissent de bonnes aides également, elle propose un bon équilibre entre le respect des besoins de chacun et la nécessité d'apprendre à vivre ensemble d'une manière qui convienne à tout le monde.
Tous les systèmes de routines fonctionnent également très bien (ça fonctionne aussi avec les autres !). Ils savent ce que l'on attend d'eux, les tâches sont définies ensembles, les moyens d'y parvenir sont vérifiés pour être faisables. Si on les mets par écrit, attention aux mots utilisés, le zèbre est facétieux et saura trouver la faille (oui, toujours !) et ne pas comprendre non plus les implicites.
Un exemple : j'avais fait des routines pour le matin pour tous mes enfants. Quelle ne fut pas ma surprise de voir que, sans cesse, les vêtements sales restaient par terre alors que tout le reste des routines était effectué sans l'ombre d'un souci. "Mais Maman, tu n'as pas mis qu'il fallait ramasser les vêtements et les ranger/les mettre au sale !" . Fail.  Fatal error system. Une fois le problème réglé sur la liste des routines, la tâche fut prise en compte.
Parce que le zèbre aime bien les règlements, si, si ! Il aime savoir où sont les limites. Il recherche ces points de repères stables.
Cette année, j'en ai un dans ma classe qui passe son temps à sortir du cadre et parallèlement c'est celui qui sait le mieux expliquer les règles de la classe ! Il les connaît par coeur ! C'est aussi celui qui est toujours debout devant l'horloge de la classe pour voir ce qu'il va se passer ensuite (toujours le cadre), à croire qu'il est amoureux de l'horloge !

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Ce n'est pas mon horloge, mais j'en ai une du même type. Elle permet de se repérer dans le temps, de savoir tout seul ce qui se passe après ou avant dans une journée et d'avoir une vision globale de la journée.
Souvent, les parents de zèbres ont bien compris qu'il faut prendre en compte les spécificités de cet enfant, choisir ses combats pour ne pas s'épuiser et garder une bonne relation avec son enfant. Mais ils oublient souvent que cette bienveillance, cette compréhension, ne va pas SANS FERMETÉ.
Et c'est là que cela devient le début de la fin parce que le zèbre, lui, réclame ce cadre ferme. Et que sa vie d'adulte ne se fera pas non plus sans le cadre ferme de la loi, de la vie en société. Ne pas intégrer ce cadre bienveillant ET ferme c'est s'exposer à des journées épuisantes pour l'enfant comme pour le parent, et surtout à une très mauvaise préparation de nos enfants à la VRAIE vie, celle où on se fiche complètement de savoir qu'il soit comme ceci ou comme cela, celle où il doit respecter les mêmes règles que tout le monde, la même loi. Si je passe au feu rouge et qu'un radar est là, j'ai une amende, peu importe que je sois précoce ou non.

Adapté dans les familles avec lesquelles je travaille cela donne :
  • Des règles immuables qui régissent la vie familiale, sociale et sur lesquelles on ne transige pas comme : tu respectes tes frères, soeurs et parents, amis, enseignants, les adultes que tu rencontres. Il est interdit de frapper, d'injurier, d'être violent. Tu dis merci, s'il te plaît, pardon, bonjour, au-revoir, etc.... Tu respectes la loi : tu ne voles pas, tu traverses sur les passages piétons, tu respectes les feux... Tu respectes le matériel, le tien et celui des autres...
  • Des autorisations exceptionnelles pour certaines occasions
  • Des tas de petits ajustements, de petites règles familiales qui se font au coup par coup et par la discussion.(les petits conseils de famille) à travers notamment l'outil de résolution de conflit/problème, exemple : on range sa chambre avant le dîner, on se lave les cheveux le mardi soir, on fait ses devoirs avant le dîner, chacun aide dans la mesure de ses possibilités au bon déroulement des tâches quotidiennes etc, etc...

  Certaines choses sont vraiment importantes pour vivre ensemble, d'autres moins, chaque famille a ses propres curseurs pour les définir. A chacun de les définir TRÈS clairement (le zèbre n'aime pas le flou artistique...). Je reprends les mots de Monique de Kermadec dans son dernier livre : " Définir vos priorités. Chaque parent a une idée bien arrêtée sur la manière dont on élève un enfant et sur la place qu'il doit tenir dans le couple [...]Il faut que toutes les règles soient claires, cohérentes et respectées. [...]Quels sont mes objectifs ?" Quelles sont les valeurs qui sont importantes pour moi ? "En tant que parent d'enfant précoce, vous aurez besoin plus que d'autres parents d'être clairs sur vos objectifs.[...]Toute contradiction sera rapidement perçue par votre enfant."

Enfin, on peut lâcher-prise sur certaines choses qui ne nécessitent pas que l'on s'engueule toute la journée et qui leur permet en prime de se responsabiliser (toujours la fameuse saine négligence de Faber et Mazlish).
Par exemple : tu as un réveil, tu es capable de te réveiller tout seul sans mon aide, je te fais confiance pour mener à bien ton début de journée et effectuer tes routines du matin. C'est TON problème si tu n'es pas à l'heure pour aller à l'école. Pas le mien.
Ou encore le petit papier sur le lit (pas fait) au milieu de la chambre (pas rangée)  : "Je n'ai pas pu passer l'aspirateur, pas de place pour lui, tu vois ce qu'il te reste à faire, bisous, Maman".
Ou encore, on ferme les yeux sur, au choix, la coiffure approximative, l'accoutrement étrange, le couvert mis de travers, le rangement approximatif (à chacun sa marge de patience, d'acceptation !).

Évidemment, et particulièrement ici, le cadre que l'on met en place convient souvent très bien aux autres enfants de la fratrie même s'ils ne sont pas concernés par la question. Comme toujours, avec les zèbres, on est amené à mettre en place assez rapidement les choses, plus rapidement qu'un enfant "classique" pour lequel cette rigueur sera moins décisive (en clair : on peut laisser pourrir un peu la situation sans que ce soit la catastrophe totale, alors que pour un zèbre, on se le prend très rapidement en pleine face).

Et j'oubliais, évidemment, les zèbres demandent que ce cadre ait un sens...Il ne faut pas hésiter à expliquer les choses si l'on veut qu'elles soient respectées. Parce que le cadre "bête et méchant", ça ne fonctionne pas du tout !

* Je vous livre là le fruit de réflexions collégiales sur le sujet, il se peut que votre zèbre ne soit pas concerné. Pour rappel, il y a mille et une façon d'être zèbre. Je tente dans cette rubrique de prendre les problématiques récurrentes pour trouver le "on fait comment maintenant ?". Tout cela est le fruit de l'expérience de plusieurs mamans. Leur vie de famille n'est pas magique, elles râlent, elles pestent, elles s'énervent aussi mais elles cherchent des pistes pour avoir des améliorations et que leur quotidien devienne un peu moins compliqué.

7 commentaires:

  1. La saine négligence... ca me parle beaucoup, on l'apprend sur le tas, avec le nombre, avec le temps. ET finalement on ne s'en porte pas plus mal... Et oui ils vont vite, bien trop vite pour pouvoir tout suivre !
    Merci de cette petit compil de réflexions :-)

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  2. Très intéressant et je suis pas mal d'accord avec tous ces bons conseils! La difficulté reste dans l'application, surtout par les DEUX parents, pas toujours aisé... Mais je confirme, l'approche positive fonctionne très très bien avec le mien!

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    1. On a rarement exactement la même manière de faire en ce qui concerne les parents. Il me semble (mais je peux me tromper) que, si déjà l'un des deux a une approche positive c'est déjà ça de pris et en plus, petit à petit, ça déteint sur l'autre !

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  3. De bonnes pistes ici encore ! Le flou ne convient pas aux zèbres tu m'étonnes et le chantage affectif on en parle ?
    Merci de ce billet encore que chez nous l'un des zèbre semble assez conciliant et se conforme à peut près au cadre... Enfin à peu près ... Le deuxième s'engouffre avec une pertinence inouïe dans la moins faille ! Je trouve cela incroyable ...

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    1. Ah !!! Le chantage affectif... Je sais depuis un bon moment que je suis la plus méchante mère du monde. Ce à quoi je réponds : "Mais moi aussi, je t'aime !"

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  4. On applique exactement la même chose. Ma fille adore les règles alors qu elle a beaucoup de force de caractère pour s opposer.

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