vendredi 29 avril 2016

Tout un village


Mes enfants sont, comme beaucoup d'autres, assez rétifs à l'idée de dire "bonjour Monsieur, bonjour Madame". Il semblerait que mille et une chose se soient liguées contre eux pour que cela ne soit pas possible : je ne l'avais pas vu, je suis timide, tu comprends ? D'abord il ne m'a pas dit bonjour et puis en plus j'étais fatigué...et ainsi de suite.
Bien dommage.
Heureusement il y a ce fameux adage africain : "Pour élever un enfant, il faut tout un village".
Nous ne sommes pas seuls ! Ouf !

Alors si parfois certaines réflexions nous semblent déplacées, maladroites, elles nous disent toujours quelque chose : "A ce moment là, quelqu'un a été gêné par le comportement de mes enfants". A raison ou non, peu importe.
Discuter avec ses enfants de la gêne qu'entraîne pour d'autres leur comportement, c'est, à mon sens, important pour qu'ils puissent avoir un peu d'empathie et modifier leur comportement.
En réfléchissant à cette question, je me disais d'ailleurs que les nouveaux mouvements éducatifs liés à la bienveillance ne parlent peut-être pas assez du fait que nous n'élevons pas nos enfants pour nous mais pour qu'ils vivent dans la société, bienveillante ou non. Alors, certes, nous mettons en place certaines choses, certaines attitudes à la maison mais elles ne sont rien si, confrontées au monde extérieur, elles coincent et font grincer des dents. Ma liberté s'arrête là où commence celle des autres. En toute bienveillance bien sûr !

J'en reviens à mon problème de salut public.  C'est tout ce village qui m'aide à faire comprendre à mes enfants que ne pas dire bonjour c'est ignorer la personne que l'on a en face, la rendre transparente. Ce sont ces réflexions un peu désagréables, il faut bien le dire, qui nous ont obligé à discuter franchement du sujet avec les enfants, à montrer à nouveau (nous n'en sommes pas à la première discussion sur le sujet) combien ces petits mots sont importants pour vivre correctement ensemble. Peut-être ne donnons-nous tout simplement pas le bon exemple ? (et c'est bien probable malheureusement ;-(), peut-être sommes-nous trop avares en s'il te plait, merci, pardon, bonjour, au-revoir...Remettre au coeur de la discussion que sous ces petits mots se cache l'attention à l'autre. Tout simplement. Une éducation à l'autre à chaque instant.
Il demeure qu'un comportement estimé gênant par la majorité des personnes rencontrées n'est pas à prendre à la légère, même si j'ai l'impression de faire mon choix éducatif en conscience. Ne l'oublions pas, nous ne vivons pas tout seuls et nous avons une tendance naturelle à nous dédouaner de tout changement en rejetant la faute sur les autres. Se remettre en question, accepter ses erreurs, accepter que l'on peut gêner l'autre par ses choix, réviser et adapter ses choix,  c'est important et souvent salvateur.
Se sentir soutenus par un village aussi.
Je remercie donc toutes les madames Michu qui, sous couvert parfois d'une aigreur manifeste, font parfois avancer le schmilblick.
Je remercie aussi toutes les personnes qui croisent mes enfants dans la rue et qui prennent le temps de leur faire une remarque, bonne ou mauvaise. Elles nous font avancer et elles nous aident à prendre position, même lorsque nous ne sommes pas d'accord avec elles. Elles nous permettent d'en discuter avec nos enfants et c'est déjà beaucoup !

3 commentaires:

  1. " les mouvements éducatifs liés à la bienveillance ne parlent pas assez du fait que nous n'élevons pas nos enfants pour nous mais pour qu'ils vivent en société"
    Merci pour cette phrase qui m'éclaire . Depuis que je me documente sur la question de l'éducation bienveillante, j'oscille entre conviction et agacement , sans comprendre pourquoi je peux autant m'agacer de ces façons de faire.
    Tu viens de mettre les mots dessus, et je préciserai même que de manière générale , la tendance est à élever nos enfants dans le souci de leur bien être ( matériel, intellectuel,affectif , social ... ) au risque de mépriser celui d'autrui . Il s'agit que la société s'adapte à eux, plus que l'inverse. - je peux très bien être la première à trouver que tel prof de mes enfants est un abruti ( je caricature) parce qu'il les juge avant de se donner le temps de suffisamment les connaître . - c'est à mon avis une erreur, car ce faisant , nous prenons le risque d'en faire des égocentriques, et d'oublier de leur enseigner que la politesse, le respect et le service, avant d'être des marqueurs de "bonne éducation" sont avant tout le signe que nous sommes attentifs aux autres et capables de les accueillir et de vivre en harmonie avec eux.
    Merci pour cette mise au point que tu fais aujourd'hui. Je suis tellement d'accord avec toi !

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    1. Merci So. Comme tu as pu le constater depuis le temps que tu me lis, je ne suis pas une puriste de l'éducation bienveillante... A mon sens, il faut prendre ce qu'il y a de bon dans les courants éducatifs qui résonnent avec notre manière de faire et après chacun s'approprie les choses. La différenciation éducative, c'est bien, le bien commun aussi !

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  2. Désolee, mauvais compte : c'était So

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