mercredi 27 avril 2016

le diner hum hum


Ou l'écoute active pour les nuls.
Ou encore Mr Jourdain pratique l'écoute active sans le savoir.

Nos rythmes actuels nous permettent peu de passer du temps de qualité avec nos enfants. Et parmi ces temps, il y en a un qui subit de plein fouet cette désynchronisation, c'est le repas familial.
Nous avons moins de temps pour nous asseoir tous ensemble autour d'une table et prendre un repas ensemble. Chacun va et vient au gré de ses activités et parfois il ne reste guère que le week-end pour partager sa table avec ceux qui nous sont chers.

Et pourtant, si on veut apaiser les tensions, créer de bons moments familiaux, écouter les uns et les autres, c'est  THE place to be.


Particulièrement d'ailleurs avec des petits zèbres d'ailleurs (mais je referme ma parenthèse).

Et l'écoute active dans tout ça ?

Le repas est un moment privilégié où l'on peut la mettre en place facilement, sans trop d'effort.
Savez vous dire "hum, hum" ou bien "mmm" ou encore "ah bon" "ah oui ?"ou encore "ça avait l'air difficile ton activité/devoir/difficulté relationnelle/etc".
Savez-vous regarder dans les yeux quand quelqu'un vous parle, plisser un peu votre front pour bien vous concentrer et ne pas en perdre une miette?
Savez-vous vous taire ?
Alors vous avez les outils nécessaires pour commencer.

Attention, c'est très technique. Va falloir suivre !
On apporte sur la table le repas ("on "peut être n'importe qui)
Tout le monde s'assoit
On lance à la cantonade "Alors, cette journée ?"
Et on attend. En silence (attention ça peut être très très court !)
Si rien ne vient au bout de 5 minutes (mais c'est extrêmement rare), on peut raconter brièvement la sienne, ce qu'on a ressenti, etc...Et très vite vous allez pouvoir mettre à profit vos compétences en concentration," hum, ah oui, etc," pour mener la discussion à bâtons rompus qui va suivre.

- Maman, tu sais, tu sais, tu sais, tu sais, tu sais, et ben, et ben, et ben, et ben, Camille elle avait un pull rouge aujourd'hui

Et là on sort son plus beau "ah oui ?" en la regardant, bien concentrée.

Et généralement le monologue continue en face, vous n'avez quasiment rien d'autre à faire qu'à écouter, acquiescer, parfois faire preuve d'un peu de curiosité, reformuler un peu si vous n'avez rien compris (ça peut arriver !)  et c'est tout. Juste être disponible, sans jugement.

Cela peut se compliquer un peu si vous avez plus d'un seul enfant car vous rajoutez à vos compétences celle de gérer le temps de parole de chacun et la prise de parole. "Je t'ai écouté, maintenant j'écoute Untel, Untel je t'écoute, vas-y" (chez nous on pratique la technique du mot : "dis un mot qui fait penser à ce que tu voudras me dire ensuite, comme ça on s'en souviendra plus facilement" - en plus on travaille la gestion mentale, la mémoire, ce qui ne gâche rien...)

C'est tout. C'est simple. Et ça peut rapporter beaucoup !

Chez nous c'est LE moyen de faire dégonfler certains conflits, LE moyen pour eux de se sentir écoutés.
Généralement je n'ai quasiment pas besoin de parler à table. Chacun s'exprime, pas toujours correctement, soyons honnêtes, mais on sent un vrai besoin de discuter ensemble, d'être écouté par son parent. Bref,  avec assez peu d'efforts (puisque je ne dis quasi rien), ils se sentent écoutés dans les petites et les grandes choses, ils expriment leurs émotions calmement. Grâce au repas,  je suis certaine qu'à un moment de la journée ce temps a été pris. Cela n'exclut  pas de prendre du temps de qualité avec chacun (plus compliqué à mettre en place dans une famille nombreuse) mais ça prend déjà en compte les ressentis principaux de la journée. On peut dormir tranquille ensuite !

Tous nos repas ne sont pas ainsi, mais les dîners en semaine le sont. Quand je suis là pour le déjeuner en semaine également. A tel point que l'année dernière, je les récupérait une fois par semaine pour le déjeuner, parfois nous invitions leurs amis et cela les gênait terriblement ! Ils avaient besoin de ce temps d'écoute et voilà qu'un invité perturbait tout ça, les empêchait de s'exprimer vraiment librement et d'avoir enfin ce temps d'écoute dont les miens ont absolument besoin (et ce alors même qu'ils me demandaient aussi d'inviter leurs amis...paradoxal !).
Bref, essayer l'écoute active c'est l'adopter ! Cela ne règle pas tout mais cela contribue à gagner en sérénité !

Bon, sinon, si vous vous voulez vous perfectionner en écoute active, en voici les bases :

  • Exclure ses idées préconçues
  • Etre disponible
  • Laisser l'autre s'exprimer
  • Le questionner
  • L'inciter à préciser ce qu'il dit
  • Lui donner des signes visuels et verbaux d'intérêt
  • Reformuler ses propos
  • Pratiquer des silences
  • Témoigner de l'empathie
  • Rester neutre et bienveillant


Sur ce, je vais me taire et écouter vos commentaires.



12 commentaires:

  1. à fond sur l'idée! plus difficile dans la pratique! hier nous avons notamment la dernière poulette qui a essayé pendant 10 minutes de dire le plus fort possible "moi j'ai mangé du poulet à la cantine"... jusqu'à ce que je hurle, au papa inclus, "ça suffiiiiiit MAINTENANT ON ECOUTE MAUUUUUD" . ou comment le dragon qui sommeille en moi se réveille à la moindre occasion. pffff

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    1. C'est pour ça que dans l'article je précise que chacun ne s'exprime pas toujours correctement. J'aurais aussi pu dire "c'est la jungle". J'imagine tellement bien la scène avec Maud et son poulet de la cantine (ça vaut le pull rouge de Camille). Je n'ai pas encore essayé le bâton de parole mais je crois que je vais y venir...
      Signé : un autre dragon.

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  2. Bien vu le bâton de parole... parce qu'ici c'est la foire... entre celui qui est debout des qu'on est pas en train de l'écouter et celle qui n'arrive plus à s'arrêter. .. bref à tester !

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    1. A chacun son moment d'écoute active, l'essentiel c'est d'en trouver un !

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    2. Oui ici ce serait plus le soir au coucher. ..et parfois à midi quand tous les autres sont sortis de table (je les fais sortir dès qu'ils ont fini sinon c'est intenable) !

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  3. Ce n'est clairement pas le moment que je préfère pour échanger. Le repas est pour moi une profonde source de stress et mon esprit n'est pas du tout disponible ni à l'écoute. Je préfère de loin une balade, un bain ensemble, un jeu partagé pour discuter.

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    1. J'ai pris cet exemple parce que les miens deviennent fous si on ne prend pas suffisamment de repas ensemble (et donc d'écoute)...Mais cela peut tout aussi bien être un autre moment !

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  4. Mon Dieu ! ce brouhaha autour de la table le soir ... et tout ce qui tombe à côté du plateau des uns et des autres ... Couiny qui tape son pied contre la table, chouiny qui s'exaspère pour tout et Fouiny qui continu de "dire" alors que ça n'est plus à lui de parler ... Merci pour ces pistes (hier j'ai pensé à toi j'ai ressorti le très bon Langage d'amour des enfants pour m'aider dans les accès de colère de Chouiny) ... j'avais oublié le bâton de paroles (en revanche j'applique assez bien l'écoute active, tout n'est pas perdu !) Merci !

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    1. Qu'on se rassure, Les repas chez moi ne sont pas "calme, luxe et volupté". J'ai aussi celle qui renverse son verre en permanence, celui qui pince le voisin, celle qui hurle pour raconter 15 fois la même histoire...Je prends ce qui vient, et souvent je m'aperçois de la détente que cela leur procure.

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  5. comme j'aimerai pouvoir en être à ce niveau de réflexion au sujet de nos repas familiaux ...
    je ne comprends pas pourquoi mais chez nous les repas sont constitués d'une série interminable de remarques car ils se tiennent vraiment très mal.
    Devoir faire plus de 10 fois la même remarque au même enfant c'est ..... lassant, pour ne pas dire décourageant ....
    j'ai pas mal réfléchi à la question mais si je laisse tomber les remarques pour privilégier la bonne ambiance c'est pire encore.
    Je ne pense pas moi même mal me tenir ; ni être trop exigeante alors du coup je ne sais pas trop comment amorcer un changement.
    et en parallèle ils ne semblent pas vraiment tenir à faire de ce moment un temps d'échange très poussé !
    bref, je ne fais pas trop avancer ton sujet sur l'écoute active !

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    1. Peut-être que ce n'est pas leur moment préféré, autant choisir un autre moment ! Comme je le disais au-dessus, prendre ce qui vient, sans se poser de questions. Savoir apprécier quand ça se passe bien et oublier quand tout part de travers.

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