….Sur le Mont Corydalle, une paisible auberge attendait le voyageur fatigué. Thésée s’y installa, partagea le délicieux repas de l’aimable aubergiste Procuste et but le vin parfumé en contant ses exploits. Au moment du coucher, étrangement, l’hôte lui proposa un lit bien trop petit pour lui. Thésée hésita un instant puis, confiant dans la faveur des dieux, s’allongea en se recroquevillant sur la couche couverte de douce laine. Mais, dans la nuit baignée de lune, l’hôte s’approcha silencieusement du dormeur, le sourire avait quitté son visage. Il cherchait à lier Thésée aux montants du lit. Notre jeune héros, éveillé par le danger, se mit à feindre un sommeil profond et la vigilance de l’aubergiste diminua. Procuste se retourna pour saisir une corde quand Thésée, plus rapide que l’éclair, le prit à la gorge. Victorieux après une brève lutte, Thésée attacha Procuste sur le lit et le pressa de questions.
- Ce sont les dieux qui me poussent, avoua Procuste, ils veulent que je raccourcisse ceux qui sont trop grands, alors je les découpe et que j’étire ceux qui sont trop petits alors je les écartèle. Pitié, pitié, je te donnerai ma fille aux belles tresses et aussi mon auberge, supplia ce monstre
Thésée sourit :
-ô mortel sans vertu, ton auberge ne saurait convenir au fils d’un roi. Quant à ta fille belle comme le jour, je me passerai de ta permission…
Voici une histoire aberrante ! Aberrante et ridicule car Procuste cherche à faire correspondre chacun des malheureux voyageurs à la dimension d’un lit qu’il choisit trop petit ou trop grand. Cette dimension ne correspond à rien. Une autre version du mythe le confirme qui relate un unique lit qui n’est à la mesure de personne. Eclairé par les tristes faits de notre histoire, le récit de Procuste témoigne de la sagesse des anciens.
Ce mythe suggère que l’idée d’une norme pour l’humanité est sans fondement et purement arbitraire. Il n’existe pas de moule dans lequel chacun puisse se couler. Le lit de Procuste dévoile notre mystérieuse nature humaine, nous rappelle la diversité des hommes et des cultures et éclaire l’idée fondamentale de liberté. Les hommes ne sauraient être modelés.
Toutes les utopies totalitaires qui reposent sur l’idée d’une humanité pré- définie, s’écroulent et montrent, sous l’éclairage de ce mythe, leur vrai visage : celui d’une absurdité incommensurable et aussi hélas, comme Procuste, celui d’une infinie cruauté, visage de celui qui anéantit tout ce qui s’écarte d’une norme absurde…
Source : http://www.helene-soumet.fr/index.php/le-lit-de-procuste.html
En éducation, ça vous rappelle des choses ? Si oui, dites-le dans les commentaires !
Je suis un peu la spécialiste des questions qui tuent, mais quelle est la morale de l'épisode de la prise de la fille belle comme le jour sans autorisation? ^^
RépondreSupprimerJ'ai connu le paradoxe du lit à la fois trop grand et trop petit, sinon, en éducation, pour répondre à ta question.
Ah Madame ZAP ! Tu m'embêtes avec tes questions ;-). Ce sont Procuste et son lit qui nous intéressent ! Pas leurs histoires de c...oeur !
SupprimerAh oui cette fameuse norme qui gâche la vie à tous ceux qui y dérogent....rrrr, tu sais à quel point cela peut me faire bondit n'est ce pas?
RépondreSupprimerL'histoire ne dit pas l'avis de la belle jeune fille quant à son consentement vis à vis de Thésée ;-) quoiqu'on puisse imaginer qu'avec un père pareil, elle envisage un prompt départ du domicile familial
Et les zêbrées, vous vous êtes donné rendez-vous on dirait ! J'ai bien ri en voyant qui avait commenté et ce qui avait été retenu. Prochainement sur ce blog, une rubrique spéciale confessions intimes "les héros de la mythologie grecque, que sont ils devenus ?"
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