jeudi 28 mai 2015

Au commencement était le doute puis le test



Pour bien commencer cette rubrique zébrée, je vous propose de remonter à la révélation d'une nouvelle situation à gérer. Le test.

Souvent l'enfant a suscité des interrogations autour de nous, ne se comportait pas comme les autres, avait un regard étrange sur les choses, nous mettait mal à l'aise sans qu'on sache pourquoi, avait un vocabulaire très riche, des réflexions déconcertantes, des frustrations intenses, des crises totalement irrationnelles, un regard transperçant, des obsessions, des cauchemars inquiétants, une mémoire de cheval, une hyper sensibilité aux odeurs, au toucher, aux bruits, une émotivité incontrôlable, des angoisses, des crispations, de l'humour au quatrième degré...et j'en oublie...
Alors on s'est mis à chercher d'autres manières de fonctionner avec cet enfant assez rétif à l'éducation "classique" (si  elle existe encore). Tout cela sans forcément s'autoriser à faire autrement parce que peut-être qu'il est juste caractériel, mal élevé, enfant-roi, mal cadré et j'en passe et des meilleures. Ce qui était sûr c'est qu'avec cet enfant les "recettes" classiques  fonctionnaient rarement et que globalement, nous, parents, nous étions bien malmenés, exténués de devoir faire face à des crises, des situations ingérables que les parents autour de nous ne semblaient pas rencontrer ou alors dans une moindre mesure. En fait, on avait presque le même enfant que les autres mais en version "exponentielle". Mais comment savoir si notre enfant fonctionnait "normalement" ou si tout cela était le fruit de nos incapacités à l'élever ?
Vint le temps des "vrais" interactions avec les professionnels de l'enfance, leur regard posé sur notre enfant parfois positif, parfois négatif, souvent indifférent à cette question. Le regard des autres parents aussi, des intervenants extérieurs, des amis...Des interrogations suscitées par l'attitude de cet enfant, des remarques étranges  que l'on nous a faites. Un professionnel qui nous dit : "ce serait peut-être bien d'aller voir de ce côté-là ...".
Et puis vint le test. Non pas forcément parce que l'enfant était "en avance". Non. Simplement parce qu'on en pouvait plus et qu'il fallait faire quelque chose et notamment vérifier si ce que l'on pressentait était la réalité ou alors du grand n'importe quoi...Pour avoir le coeur net.
Un test pour pouvoir agir.

Vu de loin, le test ne change rien parce que l'enfant reste le même.
Vu de près, cela change tout.
On comprend enfin qu'on était pas complètement fous, il y avait bien un truc.
On comprend enfin que notre enfant fonctionne du drôle de façon.
On comprend enfin sa différence et on se met en chemin pour l'accepter.
Se faisant, on peut enfin s'autoriser vraiment à agir différemment.
S'autoriser à chercher des modes de fonctionnement plus adaptés,
S'autoriser à trouver des ressources adaptées,
S'autoriser à trouver cela pas évident, un enfant "classique" c'est parfois plus facile à vivre,
S'autoriser à lâcher-prise sur certains sujets,
S'autoriser à en renforcer d'autres,
S'autoriser à prendre un nouveau chemin.
Calmer le jeu.
Mieux aimer son enfant et mieux le respecter.

A la question "faut-il vraiment que je teste mon enfant si j'ai un doute ?", je répondrais qu'il est difficile de pouvoir avancer sans un état des lieux, une photographie à instant T de l'enfant. C'est ce que nous apporte le test. Ni plus, ni moins. A un certain moment ce besoin de certitude se fait sentir et nous sommes bien démunis, nous, parents, pour en juger (sauf dans certaines familles totalement zébrées où le besoin se fait peu sentir puisque toute la famille fonctionne de la même manière et de manière finalement assez fluide puisque c'est la "norme", si, si, ça existe !). Il y a un avant et un après qu'il faut être prêt à accepter, il faut peut-être attendre parfois, laisser mûrir la décision...Et passer à l'action quand on se sent prêt ou quand la nécessité se fait âprement sentir.

Il faut bien se renseigner sur le psychologue qui fera passer le test (je ne rentre pas dans les détails du test, vous trouverez tout ce qu'il faut sur internet) et en choisir un dont les tests sont à jour, un qui connaisse vraiment le monde de la précocité et qui saura détecter tous les signes annonciateurs en plus du test pour un résultat à la fois plus précis et plus utile par la suite. Un psychologue qui connaît cette problématique sera plus à même de saisir ce que votre enfant ne montrera pas forcément.
Si le test confirme une précocité, alors c'est le début d'un chemin parfois désarçonnant avec votre enfant. Si le test ne confirme pas cette précocité, c'est un outil qui de toute façon vous permettra de mieux appréhender votre enfant, de mieux le comprendre et de mieux l'accompagner dans ses apprentissages. Bref, quelque soit le résultat, c'est toujours une possibilité de mieux accompagner votre enfant.



N.B. : Les articles "Drôles de zèbres" sont le fruit de ma réflexion, de mes lectures, de mon expérience parentale et professionnelle ( avec ce que cela peut comporter de subjectivité, d'inexactitudes) mais pas seulement ! C'est aussi et surtout un  condensé  de réflexions, trouvailles d'une dizaine de mamans confrontées aux mêmes questions qui cherchent ensemble à répondre à "Et maintenant on fait comment ?". Si vous aussi, vous souhaitez apporter votre pierre à l'édifice, vous êtes les bienvenus ! J'intégrerai avec grand plaisir vos expériences, les nuances que vous voudriez apporter, vos ressources, etc. Et pour celles et ceux qui guetteraient les billets sur le sujet, sachez qu'ils seront édités le jeudi !


"Les grandes personnes ne comprennent jamais rien toutes seules,
et c'est fatigant pour les enfants de toujours et toujours leur donner des explications "
Le Petit Prince
Antoine de Saint-Exupery


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17 commentaires:

  1. c'est exactement cela ; être fatigué de ne plus trop savoir comment s'y prendre, se demander si le "pb" vient de nous ou pas, avoir besoin de réponses (quel qu’en soit la direction) pour avancer plus sereinement.
    feras tu un article sur l'après test : parce que la mise en lumière d'un zèbre induit une filiation zébrée, ça vous a amené à vous poser des questions sur vous mêmes, vos propres parents ? comment est ce que vous avez géré cela si ce n'est pas indiscret ?

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    1. Retrouver la sérénité...Tout un programme !
      En ce qui concerne la filiation zébrée, j'y viendrais...

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  2. Vers quel âge se font ces tests ? J'ai un exemplaire de deux ans, bien bien surprenant... pour le moment on gère encore et on verra bien ce que ça donne l'an prochain à la maternelle, mais il nous étonne souvent... nous n'avons pas encore le versant comportemental... il est frustré quand il ne comprend pas qqch ou n'arrive pas à faire comme il veut mais ce n'est pas explosif et à 2 ans, on arrive encore à gérer ses questions... mais parfois je me dis "pour combien de temps encore ?"
    Marg

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    1. Il me semble qu'il y a un test pour les petits, mais, personnellement, je me demande si attendre un peu tant que c'est gérable ne serait pas mieux. Les tests pour petits sont moins complets que ceux que l'on propose à partir de 6/7 ans et donc, bien que détectant la précocité, ils donnent moins d'informations sur le profil de l'enfant et donc moins de possibilités d'agir précisément ensuite. C'est mon avis...à relativiser donc.

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    2. je confirme avoir entendu la même chose, le fils d'une de mes amies a fait un test avant ses 6 ans qui n'a pas "rien révélé" alors que celui fait après a montré qu'il y avait précocité.

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    3. Oui c'est bien ce qui me semblait aussi... et puis pour le moment il est très gérable (peut être même plus qu'un autre enfant de son âge car il comprend tout et est capable d'exprimer bien des choses dont mes autres enfants au même âge n'était pas capable du tout !)
      Merci pour le retour !
      Marg

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  3. ....et si le zèbre a quinz ans , le test est-il encore d'actualité ? ou faut-il se dire qu'on est "juste" tombé sur un modèle sévèrement rétif au système scolaire , extra lucide sur les failles et les ptits arrangements des adultes avec qui il se trouve amené à vivre , de cefait pratiquement incapable de " composer" comme il le faut toujours un peu ...manque ou excès de maturité ...on ne sait plus que penser ...et il y a bcp de moments difficiles

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    1. Plus que jamais d'actualité, comprendre comment l'on fonctionne c'est important à tout âge ! Pour l'instant, seul le test peut certifier qu'un zèbre l'est bien (peut-être qu'un jour on fera différemment), et cela peut être une vraie libération que de savoir que toutes ces difficultés ont une source. Identifier la source c'est aussi commencer à trouver des solutions !
      Je vais faire un article sur l'après test. Tant qu'on est dans le flou, c'est difficile de choisir ses combats et d'aller chercher les ressources adaptées.

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  4. Nous avons suivi notre instinct et tandis que les enseignants ne voyaient qu'un enfant agité, nerveux qui bouge sans cesse, nous avons rebondi sur une action action déconcertante du petit pour demander à la psy de l'époque qui le suivait depuis seulement quelques séances ce qu'elle pensait de le faire tester : elle ne semblait pas en voir l'intérêt, mais j'ai insisté car le petit commençait à redouter d'aller à l'école, s'agitait encore plus, semblait exaspérer sa maîtresse qui le voulait "sage"... Le test de personnalité inclus dans le bilan nous a donné des clés, notamment sur toute cette "agitation".
    Tout s'est "débloqué" dès que nous avons enfin compris et quel soulagement pour notre fils de se sentir soutenu, vu sous un angle plus positif...
    Malheureusement, le corps enseignant est vraiment trop souvent figé dans ses approches et cette année encore la maîtresse se contre fiche de ce profil un peu différent, rien n'est mis en place pour faire autrement, alimenter et combler les temps morts ... Nous reprenons donc l'idée de changer notre fils d'école pour une structure mieux adaptée ...
    Merci de cette nouvelle rubrique ...

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    1. Bon nombre de psys ne sont pas formés sur cette question, c'est pour cela qu'il faut bien se renseigner avant. Je partag e avec toi le soulagement et les clés qui nous sont donnés. Voir sous un autre angle notre enfant. Pour le corps enseignant, ça se réveille doucement, mais il y a encore beaucoup beaucoup de boulot !

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  5. Je suis à 100% pour... après avoir (trop) longtemps attendu et repoussé cette échéance. Mon aînée paye les conséquences aujourd'hui. OUI faites les tester! Au mieux, ils sont dans la norme et alors, vous savez quelle piste continuer. Bonne chance, j'ai hâte de lire tes billets à ce sujet... Un enfant différent, surtout dans une fratrie, ce n'est pas de tout repos! J'imagine que tu as lu O. Revol...

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    1. Je suis d'accord avec toi, si on a un doute, il ne faut pas trop attendre non plus. Passer sa vie scolaire à ne pas comprendre comment on fonctionne, cela peut faire des ravages !

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  6. Faire tester, oui, sans aucun doute.
    Surtout, choisir un psy qui accepte de vous donner des résultats écrits, chiffrés et commentés (demander avant le test pour éviter les surprises). Vous ne comprendrez peut-être pas tout ce qui sera écrit mais ces tests pourront être utiles aux autres professionnels qui pourraient avoir à intervenir (neuropsy, orthophoniste, pédiatre, etc.)

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    1. Merci Dominique pour ce complément d'information. Si le test est bien fait, c'est une mine d'informations pour la suite.

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  7. A 100 % pour, quel que soit l'âge. C'est une photographie, un état des lieux à un moment donné, cela ne mesure ... que ce que c'est censé mesurer (y a des jours où La Palice fait petit joueur face à moi ...), pas question de s'enorgueillir d'un bon résultat, bien utilisé c'est un outil performant pour l'enfant, les parents et les enseignants. A condition que l'enseignant concerné ne le déchire pas d'un air méprisant avant de le jeter, comme c'était arrivé à une maman du quartier !
    Pour répondre à Dominique (au dessus), existe-t-il encore des psys qui donnent des résultats chiffrés ? A l'époque de mon zèbre (il y a une bonne quinzaine d'années) nous avions eu effectivement des résultats détaillés, il parait que maintenant cela ne se fait plus. Pour chaque item il y avait l'âge "théorique" de l'enfant, et savoir qu'à 8 ans il "avait" 14 ans dans le domaine mathématique était assez parlant !

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    1. Donc, on retient : photocopier le rapport de test ! Et pour le résultat, en lui-même il ne dit pas grand chose. Ce sont effectivement tous les commentaires du psy autour qui apportent vraiment quelque chose. On peut avoir un très haut QI et que tout se passe relativement bien et au contraire avoir un QI légèrement supérieur à la moyenne et que beaucoup de choses soient problématiques.
      Par ailleurs, si le QI n'est pas homogène, les psys ne peuvent pas donner de valeur chiffrée et pourtant, on a bien à faire à un drôle de zèbre !

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    2. Je crois tout de même (enfin j'espère !!) que c'est une photocopie qui a fini en petit morceaux !! Donc à retenir : garder l'original pour soi ... ;-)
      Tout à fait d'accord avec le peu de signification du seul chiffre du QI. Mais c'est bien pour cela que les tests aboutissent (aboutissaient ?) à des résultats détaillés.
      Je vous ai retrouvé le bilan de fifille, juste pour donner une idée de la présentation de l'époque (1999, elle avait presque 8 ans):
      Deux rubriques :
      Tests verbaux, 5 items (Information, similitudes, arithmétique, vocabulaire, compréhension) avec pour chaque item une note standard sur 19 et un niveau d'âge (années et mois)
      Tests de performance, 5 items également (complément d'images, arrangements d'images, cubes, assemblage d'objets, code). De même, note standard et niveau d'âge.
      Ensuite un QI pour l'échelle verbale, un QI pour l'échelle de performance, et un QI global (calculé comment, mystère ...)
      Puis des conclusions rédigées, décrivant le comportement de l'enfant et mettant en avant les points intéressants.
      Voili voilou ...

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