mercredi 21 janvier 2015

Le mercredi c'est bibli : citation d'une lecture du moment

Comme je n'ai pas fini de lire cet ouvrage, je ne peux pas encore me prononcer sur l'ensemble (encore que, ça m'a l'air pas mal parti !). Par contre, au détour des pages, j'ai croisé ces quelques lignes, qui, à la lumière des évènements de ces jours derniers ont pris une saveur particulière.

Pour situer le contexte, nous sommes en Inde, en 1856, la Compagnie des Indes extrêmement puissante est en train d'annexer un à un les différents états indiens. Presque tous sont déjà tombés dans son escarcelle par des moyens plus que douteux sauf un, très riche (et donc très convoité).
Et voici cette citation :
"Ali Mustapha, le graveur sur cuivre, est arrivé avec son voisin, Suba Nanda, le brodeur ; ils se connaissent depuis des années, leurs femmes sont amies et leurs enfants ont grandi ensemble ; pas une fête de  Holi, la célébration hindoue des couleurs, où la famille d'Ali Mustapha ne soit invitée à partager des gâteaux de lait et de miel, pas un repas d'Eid el Fitr, fête clôturant le jeûne du ramadan, auquel la famille de Suba Nanda ne soit conviée.

Les affrontements entre communautés religieuses, qui agitent parfois d'autres Etats, sont en effet inconnues à Lucknow où jamais les souverains n'ont fait de discrimination entre leurs sujets. Eux-mêmes, musulmans chiites, ont toujours eu pour politique de nommer, souvent aux postes les plus éminents, des musulmans sunnites et des hindous, qui représentent la majorité de la population. Ils aiment aussi réunir des savants de différentes croyances, pour discuter de problèmes religieux, suivant en cela l'exemple du plus grand souverain des Indes, l'empereur moghol Akbar. Celui-ci au XVIe siècle, dans sa capitale de Delhi, invitait les représentants des divers courants de pensée à débattre devant lui en vue de fonder une religion universelle censée unir tous les hommes. Ce fut la din-i-Ilahi, idéologie syncrétiste empruntant à l'Islam, au bouddhisme, au christianisme et à l'hindouisme. A l'époque où en Espagne, au Portugal et en Italie sévissait l'Inquisition et où les guerres de religion ensanglantaient la France.
Wajid Ali Shah perpétue cette tradition de tolérance, mais ses goûts esthétiques l'incitent à se consacrer particulièrement au domaine des arts. " Tous les maux viennent de l'ignorance", dit-il souvent. "C'est par la connaissance de la culture de l'autre que les communautés apprennent à s'apprécier et à se respecter""

Voilà donc cette citation de Kenizé Mourad dans Dans la ville d'or et d'argent.
Sans forcément aller jusqu'au syncrétisme évoqué ci-dessus, on trouve dans cette vision des choses une curiosité et une reconnaissance de l'autre qui ne pousse pas à se renier soi-même et qui me semble une piste particulièrement intéressante pour aller de l'avant. Non ?

6 commentaires:

  1. les "hasards" du calendrier ont également voulu que je lisent Milles soleils splendides ainsi que les hirondelles de Kaboul et pour finir l' Attentat... he bien là aussi j'ai trouvé matière à réfléchir, sur bien des thèmes : la religion, ce qu'on en fait, la femme, la liberté, la soumission plutôt que la mort ou le combat ... et quelle écriture à chaque fois !

    Dans la continuité de cette citation que tu nous proposes en voici une de l'abbé Pierre : « “L’enfer, c’est les autres”, écrivait Sartre. Je suis intimement convaincu du contraire. L’enfer, c’est soi-même coupé des autres. » ...

    NB: à la fin de ta citation n'y a t-il pas une coquille "tous les mots" ne doit ton pas lire tous les "maux" ?

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    1. Merci Bibiche d'avoir relevé la coquille. J'ai corrigé !
      Sinon, pour tes lectures...Effectivement, il y a matière à réfléchir dans ces romans également.

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  2. D'elle j'avais lu il y a des années De la part de la Princesse morte et j'avais adoré ! Je ne connais pas celui-ci.

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    1. J'avais lu "De la part de la Princesse morte " il y a bien longtemps et mes souvenirs sont très brumeux. Donc mon avis se limite à celui-ci que j'aime beaucoup (je n'ai toujours pas terminé !)

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  3. Je me disais bien que c'était du Kenizé Mourad, ça!

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