mardi 13 mai 2014

Comment aider ses enfants à régler leurs conflits sans pour autant faire de l'ingérence ?


Chose promises, chose due. Voici le fameux article auquel quelques unes d'entre vous ont collaboré en me donnant leur manière de voir les choses. Merci encore pour ce partage !



"Comme dans toutes les familles, mes enfants se chipotent, s’asticotent, déploient une créativité sans faille pour se traiter de noms d’oiseaux quand ce n’est pas l’idée (voire plus) de tabasser tout le monde qui les prend dès lors qu’un conflit pointe le bout de son nez. Et je ne parle pas des jérémiades, réclamations et pleurs qui s’en suivent. Difficile de rester zen. Difficile de résister à la tentation de tout régler à leur place pour avoir la paix (ou au moins son illusion) pendant quelques minutes. Pourtant, les conflits sont aussi une formidable occasion de se confronter à l’autre dans sa différence et d’apprendre à dépasser ces différences pour s’enrichir mutuellement.
Désolée de vous décevoir, mais je n’ai pas de recette miracle à disposition, seulement quelques idées piquées ici ou là pour tenter d’améliorer la situation.
1) J’interdis les coups, les insultes, le manque de respect dans la maison. Les règles de la maison sont affichées dans les toilettes, espace de méditation s’il en est.
2) Nous essayons d’organiser ensemble la vie collective pour limiter les conflits (qui fait quoi, où, quand et comment). Beaucoup de conflits et d’énervements peuvent être évités en anticipant (cf. l’organisation du bras droit et des rituels).
3) J’essaie de résister à la tentation d’intervenir pour les laisser régler tout seuls le problème. Plus facile à dire qu’à faire, mais si l’on n’intervient pas, ils sont bien obligés de trouver une solution pour continuer à vivre ensemble correctement. J’applique cette règle quand la solution du conflit me semble à leur portée et si le conflit ne sort pas des normes acceptables  (manque de respect à l’autre, violence). (Faber et Mazlisch parlent de « saine négligence »).
4) Si le conflit s’éternise et/ou qu’il dégénère franchement, je leur donne 5 minutes top chrono (avec un sablier ou un timer) pour régler leur problème. Ça marche très bien pour les petits conflits du quotidien du type « il m’a pris ça, et il n’avait pas le droit », « il s’est moqué de moi », « il ne veut pas que joue avec lui… ». Si au bout de ce temps ce n’est pas tranché, je tranche pour eux en essayant de veiller à ce qu’il n’y ait ni gagnant ni perdant (sinon c’est reparti pour un tour…). Surveiller discrètement que ce n’est pas toujours le même qui cède ou qui se fait avoir parce qu’il est trop gentil ou qu’il n’est pas à l’aise avec les conflits. Certains mettent en place des « pièces de résolutions des conflits » ou des  « goûters de la réconciliation » pour célébrer le fait de pouvoir à nouveau bien vivre ensemble malgré les différences et les désaccords. Une autre idée aussi pour les pudiques, les petits mots passés sous la porte parfois plus faciles qu’un face à face.
5) Je tente de leur apprendre à se demander pardon.  Pas un pardon désinvolte qui permet de recommencer deux secondes après. Non. Un vrai pardon réfléchi qui puisse reconnaître la blessure de l’autre et reconstruire ensuite : « je pense que je t’ai fait de la peine en cassant ta construction, je te demande pardon. Je te propose d’en refaire une ensemble ».
6) J’essaie de les initier au quotidien à la résolution des conflits dès que nous avons un problème à régler ensemble en me disant que rien ne vaut l’exemple. Plusieurs étapes : rappeler les faits, essayer de voir quel est vraiment le problème et ce que l’on a ressenti, proposer des solutions et discuter ensemble pour voir quelle est au final la plus pertinente, se mettre d’accord sur une proposition et l’appliquer immédiatement. Ne pas s’interdire d‘en rediscuter pour affiner la solution si besoin (on a bien le droit de se tromper et de tâtonner avant de trouver la vraie bonne solution au conflit !).
7) J’essaie de leur apprendre à s’en tenir aux faits, sans interpréter,  à nuancer leur propos et à le rendre acceptable pour les autres, notamment en parlant au « je » et en disant les émotions qu’ils ont ressenties. Cela évite d’envenimer la situation par des agressions supplémentaires. Exemple vécu au début de cette semaine, mon fils est revenu de l’école en disant « c’est dégueulasse, ils nous ont même pas permis de jouer avec les tapis à la piscine » que nous avons fait évoluer via la discussion en « j’étais très déçu de ne pas pouvoir jouer dans le grand bain, j’avais très envie d’y aller et j’ai peut-être mal compris les consignes qui ont été données par les maîtres-nageurs ».  Je travaille aussi le fait de mettre des mots sur ses émotions pour pouvoir en parler et le respect de ces émotions (tu trouves peut-être que c’est ridicule de pleurer pour si peu mais il te dit qu’il a été très déçu que tu lui casses sa construction).
8) Enfin, et puisque c’est une étude récente qui le prouve, on se dispute beaucoup plus quand on a faim (c’est valable avec nos conjoints aussi ;)…). Si vous récupérez vos enfants pour le déjeuner (pour le goûter c’est pareil), le moment avant le repas est toujours un  grand moment de conflit pour des broutilles (d’autant qu’ils relâchent la pression de l’école, ce qui n’arrange rien). Prévoir le coup en ayant préparé le repas avant qu’ils n’arrivent ou apporté le goûter dès la sortie de l’école permet d’éviter bien des tensions inutiles.
Voilà les petits trucs que j’ai testés, il y en a certainement beaucoup d’autres à tester encore car rien n’est jamais définitif dans ce domaine. « On fait ce qu’on peut et on peut peu »  comme dirait l’autre. Comme tout cela n’est pas sorti tout seul de mon chapeau, je dois dire que mes fidèles lectrices m’ont filé un coup de main. Merci à Marick, Anne-Laure et Marine ainsi qu’à  certaines lectures qui m’ont bien aidée :
Au cœur des émotions de l’enfant d’Isabelle Filliozat
Parents épanouis, enfants épanouis de Faber et Mazlisch
La discipline bienveillante de Jane Nelsen
J’arrête de râler sur mes enfants et mon conjoint de Christine Lewicki et Florence Leroy"

Article à retrouver ICI

Et pour rire un peu, une petite vidéo...





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16 commentaires:

  1. Tu sais que c'est drôlement vrai ça, que les disputes sont souvent avant les repas, je n'avais jamais fait le lien. Perso, j'utilise la version "5mn top chrono pour régler le conflit" et ensuite tout le monde est sévèrement puni si aucune issue n'a été trouvé.

    Mais bon, ça ne marche pas à chaque fois...

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    1. D'où l'interêt d'avoir plusieurs cartouches (en l'occurence les idées des copines qui ont mis en commun leurs techniques diverses et variées ), ça sert toujours !

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  2. Le coup du repas, je l'avais remarqué depuis longtemps.
    Et sinon, je les faisais prier une dizaine de chapelet. Le début de la dizaine était hurlée et récitée à toute vitesse, à la fin, c'était calme et doux.
    Maintenant ils sont grands, ils se taquinent, mais ne se disputent plus vraiment. Quand ils s'excitent, je vais les voir en leur rappelant que le voisin travaille de nuit. C'est immédiatement calme.

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    1. Vivement que les miens grandissent un peu (de ce point de vue-là ! Parce que pour le reste je craque toujours autant devant les petits, leurs tentatives, leurs câlins, leurs découvertes, leurs mimiques...).
      Vu l'état actuel des troupes, je pense que seule une intervention divine suivie d'un miracle pourra nous être utile. Merci Alphonsine pour cette idée supplémentaire.

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  3. Merci pour tout ça... Je prendrai le temps de le relire calmement...! Difficile ici de les laisser régler leurs petits conflits tout seuls parce que ça dégénère presque à chaque fois en insultes ou coups... Mais pour certains types de conflits (genre qui c'est qui joue à l'Ipad en premier) je leur ai dit qu'il fallait qu'ils s'organisent eux-mêmes, fassent un tableau, etc, parce que je ne voulais pas m'en occuper, et que si l'ipad était source de conflit il serait supprimé! ça, ça a très bien marché, ils changent régulièrement l'ordre eux-mêmes sans m'en parler! J'aimerais bien voir ton tableau des règles de vie en famille des toilettes...!!! A moins que tu ne l'aies déjà publié mais je ne crois pas vu que tu ne mets pas de lien...! Une dernière chose, quand ils en viennent au coups, depuis quelque temps on leur fait faire des lignes... On a commencé à 10 et on en ajoute une à chaque nouvel épisode...! Et ben pour l'instant personne n'a dépassé 15, donc je suis très contente, ça a bien amélioré les choses, ils avaient pris une mauvaise habitude!

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    1. ahah...Le tableau des règles de vie...patience...patience...
      Chez moi, ils ont essayé de s'organiser pour "qui a le droit de rentrer dans telle chambre et quand ?" Fiasco complet. L'Albatros hurle tant et plus sur les autres. C'est carrément insupportable.

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  4. Merci pour ce partage .
    MAis honnêtement, je ne vois PAS DU TOUT de quoi tu parles, mes enfants ne se disputent JAMAIS. Comment ça personne ne me croit ???
    Ok, j'avoue. En vrai je n'interviens presque jamais ( on habite dans une maison avec un jardin, ils peuvent aller hurler dehors), et si je le fais, je cite en général mon papa quand nous étions petites :
    " Battez-vous, tuez-vous mais ne vous faites pas de mal"
    ou au choix :
    3 bon, "là je vais en prendre un pour taper sur l'autre, par qui je commence? "
    Ca les calme.
    Jusqu'à la prochaine fois !

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    1. J'ai menti, chez moi non plus ils ne se disputent jamais. D'ailleurs c'est simple, ils s'envoient des fleurs toute la journée, se disent des "je t'aime mon frère adoré/ma soaur adorée à longueur de temps. Si c'est pas mignon...
      Pas plus tard que ce matin, leurs effusions d'amour ont entrainé la chute et la casse de la lampe du P'tit Prince...
      Je garde précieusement la citation de ton papa, au cas où, on ne sait jamais...

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  5. Merci beaucoup pour ce partage.
    il parait que plus les parents montrent des signes de fatigue, ou de peine, plus les enfants s'agitent et se disputer entre eux, comme pour sortir le ou les deux parent(s) de leur situation, histoire de leur faire lever le nez sur autre chose quoi (détourner l'attention, on dit aussi ...), c'est bien gentil mais ça nous épuise encore plus non ? (les cris de putois, les tentatives de talochage ...) et comme Marine j'attends le tableau des règles de vie ;-) bises !

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    1. Même constat chez moi. Stratégie contre-productive effectivement quand on en peut plus...
      Va falloir patienter un peu pour les règles de vie... Bises

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  6. merci bien de nous avoir partagé ta réflexion ! ça y est je t'ai envoyé un mail pour répondre à ta question et te raconter mes projets du moment !

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  7. Merci pour cette mine. Pas eu le temps de me poser pour réfléchir et t'aider.....

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