jeudi 30 janvier 2014

Elle fait Genre


Elle fait genre elle a été élevée avec des frères et des soeurs,

Elle fait genre ils ont joué à tout et à n'importe quoi ensemble, l'essentiel c'était qu'ils jouent ensemble

Elle fait genre elle a choisi totalement librement ses études, son métier en tenant compte de ses aptitudes, de ses centres d'intérêts, de sa personnalité. Tout comme ses frères et soeurs. On trouve dans sa fratrie un qui s'occupe des tracteurs, une des enfants, une qui vérifie les budgets des autres, une qui compte les sous des entreprises et un qui re-traite l'eau. Grosse pression  sociale et culturelle comme tu peux le constater.


Elle fait genre elle est née au siècle dernier et elle se sent libre de faire ce qu'elle veut de sa vie.

Elle fait genre on ne lui a pas dicté ses goûts. Elle avait pensé être volcanologue (si c'est pour finir cramée dans la gueule d'un volcan, non merci), elle avait pensé aussi à archéologue (sauf que le jour où elle a vu en vrai le travail, elle n'a plus eu envie d'aller creuser la terre pendant des heures pour ne rien trouver), elle avait pensé aussi à être juge, mais s'enfiler des pages et des pages de code, c'était pas pour elle, trop indocile.

Elle fait genre beaucoup de choses l'intéressent y compris des choses de garçons. Elle fait genre c'est un vrai GPS, elle aime bricoler, planter des clous, scier des planches, elle jure comme un charretier parfois mais elle aime aussi décorer, organiser sa maison pour qu'elle soit chaleureuse et elle aime par dessus tout élever ses enfants. Personne ne lui a rien imposé.

Elle fait genre elle est mariée, mais elle pense que célibataire elle se serait investie à fond dans une cause et sa vie aurait été utile à la société aussi ( tu me diras, c'est ce qu'elle fait aussi mariée, ça aurait pu être pire alors ?)

Elle fait genre intermittente du spectacle à chaque grossesse, parce que genre ça lui plaît bien de voir grandir un tout petit alors qu'au départ elle ne savait pas si ça lui plairait et le mythe de la grossesse heureuse et de la maternité rayonnante ça lui cassait les pieds (elle fait genre elle est polie, parce qu'elle pensait à un autre mot que pieds).

Elle fait genre elle a 3 filles et 1 garçons et elle pensait au départ que le bronx intégral chez les familles de garçons qui l'entourait c'était seulement dû à l'éducation (forcément mauvaise) des parents. Jusqu'à ce qu'elle ait un garçon et qu'elle ait l'impression d'arriver sur une planète inconnue. Pas parce qu'il avait un zizi dont il se servait allègrement pour arroser toute la table à langer mais parce que tout était différent. Une énergie indomptable que les filles n'avaient pas, un besoin d'être câliné différemment, d'être rassuré autrement, un mode d'expression qui n'avait rien à voir. Un besoin de faire 130 fois des allés et retours dans l'entrée de l'appart sans jamais être épuisé.

Elle fait genre elle leur offre des jouets pour lesquels garçons et filles peuvent jouer indifféremment.: playmobils, kaplas, légos, jeux de société. Et ils y jouent ensemble mais de manière différente.

Elle fait genre elle leur laisse très peu de catalogues de jouets et le P'tit prince rêve de bateau, d'aventures, de voitures, de fusées, de constructions, de légos, Milou rêve de princesses, de poupées, de playmobils, de légos, l'Albatros rêve de bouquins, de mots nouveaux, d'expérience chimiques et de patouilles indéfinissables, la Paupiette joue à la voiture, à l'avion, aux playmobils, à la poupée et à n'importe quoi.

Elle fait genre elle cherche des cadeaux qui plaisent à chacune des personnalités, peu importe si socialement c'est acceptable ou non. Elle s'en contrefiche.


Elle fait genre elle demande à tous de passer le balai, la serpillière, l'aspirateur, l'éponge, laver la salade, descendre les poubelles, ranger la salle de bain mais elle se marre quand elle voit que le service préféré du P'tit Prince c'est de descendre les poubelles (une occasion en or de prendre l'ascenseur et d'aller se dégourdir les pattes).

Elle fait genre ça l'énerve de voir que tous les métiers du "care" sont sous-payés et qu'il n'y a que les femmes pour accepter ça.

Elle fait genre que tous les hommes qui ont essayé de lui refuser quelque chose sous prétexte infondé qu'elle était une femme s'en sont pris pour leur grade et elle n'est pas tendre dans ce cas.

Elle fait genre c'est chouette aussi d'être une femme et parfois elle devrait un peu plus faire sa faible femme parce qu'à ce jeu-là elle s'est un peu brûlée les ailes.

Elle fait genre elle n'aurait jamais cru prendre autant de plaisir à être mère. Elle n'avait aucune pression pour le devenir ni quelle mère être.

Elle fait genre elle va faire polémique si elle dit que le gouvernement actuel fait du grand n'importe quoi dans ce domaine alors qu'elle ne s'est jamais sentie entravée par quoi que ce soit. Elle fait genre ça l'énerve grave cette malhonnêteté intellectuelle sur les intentions réelles et sur ce qui est déjà mis en place. Ce n'est pas une rumeur.

Elle fait genre c'est vraiment n'importe quoi quand l'inspectrice de la CAF vient visiter la garderie de ses enfants et qu'elle demande de mettre dans une grande caisse les poupées, les casseroles, les marteaux et les voitures pour ne pas faire de différenciation (véridique !). Est-ce que je range mon marteau dans la cuisine ? Est-ce que je change mes enfants sur la plaque électrique ? Est-ce que je gare ma voiture dans mon frigo ?

Elle fait genre elle est heureuse que ses enfants puissent recevoir une éducation d'un père et d'une mère qui sont différents, dont le moteur dans la vie est différent, dont la manière de réfléchir et d'aborder les problèmes est différente, dont la relation à la société et aux autres est différente.

Elle fait genre elle aime d'amour cette complémentarité qui rend la vie si riche et si intéressante.

Et vous aussi vous faites genre ?

17 commentaires:

  1. Je vous lis souvent en "sous marin" et commente rarement, mais là je dis : BRAVO !!!!!

    RépondreSupprimer
  2. Hi! Hi! je n'ai pas compris tout de suite où tu voulais en venir... Mais j'ai bien apprécié ta prose... Beaucoup de choses comparables aux miennes dans ce que tu dis... Quand j'étais petite, j'étais ce qu'on appelle un "garçon manqué", je détestais jouer à la poupée, je bricolais dans l'atelier de mon papa et courait dehors... En CM1 j'étais la meneuse d'un petit groupe de garçons et je me faisais appeler "Antoine"...! (mes parents n'ont même pas eu l'air de trouver ça bizarre... à moins qu'ils ne l'aient pas su!) Et puis, maintenant je suis une épouse et maman heureuse et comblée, j'ai choisi avec plaisir de rester à la maison pour nos enfants et je ne changerais ma place pour rien au monde! Bref, laisser les enfants choisir leurs jouets, leur sport et leurs métier, oui, pas de problèmes... Mais leur faire croire qu'on peut choisir son sexe, et les y inciter... c'est très grave...

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Finalement le problème dans cette histoire c'est l'intrusion dans l'éducation des familles et la manière outrancière de le faire. Les choses se faisaient tout naturellement dans les familles, pourquoi intevenir et déconstruire ?

      Supprimer
  3. Bravo !
    Nanméo... on va où comme ça?!
    Moi je fais genre je ne sais pas ou je mettrais mes enfants à l'école quand je rentrerais dans notre beau pays...

    RépondreSupprimer
  4. MERCI POUR VOTRE BLOG PLEIN DE TENDRESSE, DE JOIE ET D'ESPÉRANCE QUE JE LIS TRÈS RÉGULIÈREMENT. CONTINUEZ! MERCI! (ET UN SOUS-MARIN DE MOINS, UN!)

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Merci Castache pour cette bolle sortie de périscope ! Décidément, il y a un nombre de sous-marins par ici...

      Supprimer
  5. J'aime bien ton genre ! je crois bien que j'ai le même ;)
    Ceci dit, je te déconseille formellement de changer tes enfants sur la plaque électrique, surtout si elle est allumée.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. C'est la dame de la CAF qui l'a dit...Comme je n'ai aucun sens critique, je suis ses conseils avisés. Pourquoi mes enfants ont-ils les fesses rouges ?

      Supprimer
  6. Je fais genre je me sens en accord total et j'aurais pu écrire quasiment tout ce que tu as mis là (mais je n'ai que 3 soeurs et je suis oune Artiiiiste -enfin j'essaie) !

    RépondreSupprimer
  7. Tu n'as pas idée comme ce billet m'a fait du bien. Il dit ce que je pourrais dire aussi, avec ma propre expérience. Les princes charmants ne m'ont jamais fait rêver, les mariages non plus, dernière d'une fratrie de 4, avec deux grands frères juste au dessus de moi, j'étais un peu un garçon manqué qui faisait du judo avec eux, construisait de vraies cabanes, sauvait des portées de ptits chats d'une mort certaine, me perdais dans la forêt et retrouvais toujours mon chemin...et puis j'ai essayé de me féminiser un peu, pour pas faire fuir les garçons, parce qu'ils ne s'intéressaient pas du tout à un garçon manqué, et voir certaines filles me coller "dangereusement" me faisaient flipper sans que je sache pourquoi. L'homosexualité, le genre, le sexe, on n'en parlait pas vraiment, on s'en foutait surtout. Et puis en me féminisant un peu plus, surtout pas trop, j'ai bien réussi à en attirer des garçons, et plus ils me séduisaient, plus je jouait le jeu de la séduction et ça me plaisait bien. Pour la première fois je me sentais vraiment femme. Et puis je me suis mariée, la robe blanche et tout le tralala. ça m'a paru insurmontable tout ce folklore sur le moment, mais qu'est-ce que j'ai adoré après ! Et je revois ces photos avec plaisir, un grand jour vraiment ! Je voulais être prof, puis archéologue, puis je suis partie faire des études loin, qui ne m'ont pas donné de métier mais m'ont ouvert l'esprit. Mes choix ce n'est sûrement pas la société ou la culture ou mon "conditionnement" qui m'ont obligé à les faire, ce sont mes tripes qui ont parlé, avant même toute réflexion: avoir un bb, puis deux, m'a donné envie de rester auprès d'eux et les voir grandir, le plus longtemps possible. Et merde à Najat qui n'aime pas du tout ce que je représente. Je kiffe ma vie, mon mari, mes enfants, je ne les conditionne pas, ils échangent leurs jouets, ça ne me fait pas peur. Ce qui me fait peur moi, c'est qu'on leur enlève des mains sous prétexte que ça fait trop "genré". Qu'on les force à donner le bain à des poupons s'ils kiffent construire des cabanes à la place. Je ne dirige pas leurs jeux, je ne veux pas que d'autres le fassent. Je les éduque dans la liberté et le bon sens, l'épanouissement personnel, le sens du devoir, le partage, le respect, la politesse, tout le reste je m'en fiche, et je ne veux pas que l'Etat décide à la place des familles ce qui est mieux ou moins bien pour nos enfants. Quelle intrusion et quel toupet ! quand je vois que dans le sondage PISA la France est 25ème dans le niveau d'instruction...je me dis que réapprendre la lecture, l'écriture et toutes les bases du savoir plutôt que les "stéréotypes de genre" et autres questions culturelles et sociétales...ce ne serait franchement plus du luxe à ce stade !!! lol ! Bisous

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Merci Stéphix, tu me rassures, je ne suis pas seule à faire genre !

      Supprimer

Vos commentaires sont les bienvenus ! Ils permettent de partager encore plus et de nous enrichir mutuellement, alors n'hésitez pas !